Le miracle ou le signe?
Les «valeurs chrétiennes» font alors l’unanimité, le pardon, le partage, la solidarité…, et un questionnement sous forme de doute revient comme un dénominateur commun, celui des miracles. «Je ne crois pas aux miracles que la Bible raconte» et… il y en a tellement. Est-ce grave, pasteur?
En effet, quand nous lisons la Bible, elle met en avant un grand nombre de récits où des choses extraordinaires et hors du commun se produisent. Nous pensons alors qu’avoir la foi consiste à adhérer à ces miracles, à tenir pour vrai ou faux tel ou tel événement rapporté. Or, si l’on y regarde de plus près, les miracles consistent non pas «à épater la galerie» ou à convaincre les rationnels que nous sommes tous (et les anciens n’étaient pas plus bêtes que les modernes), mais à libérer concrètement d’une situation qui enferme. Jésus à la résurrection n’est pas allé se pavaner devant Pilate, les Romains et le Sanhédrin en soulignant l’échec de leur entreprise. Il est venu répondre à la question inquiète et discrète des femmes: «Qui nous roulera la pierre?».
Le Nouveau Testament en particulier est attentif à utiliser le mot «signe», semeion pour parler du miracle dunamis, alors que les deux mots sont traduits de la même façon en français. La distinction nous donne une piste: de quoi le miracle est-il le signe? En sachant que Jésus en particulier montre quelques résistances à produire des miracles. Ainsi pour celui qu’on appelle (à tort) «la multiplication des pains», il dit: «En vérité, en vérité, je vous le dis, vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé des pains», Jean 6, 26. Pour Jésus, il ne s’agissait pas de se remplir le ventre ou de révolutionner l’histoire de la boulangerie mais de se poser la question de ce qui me rassasie vraiment. Qui me fait signe à travers le miracle? De quoi ai-je besoin d’être libéré?
A la question, «est-ce grave, docteur?», je salue l’esprit critique tout en invitant à être attentif au miracle de la vie, le miracle de l’ordinaire comme de l’extraordinaire qui peut toujours se produire mais dont la finalité est la louange et non la preuve. La foi n’étant pas d’abord une adhésion mais une relation de confiance en celui qui appelle: «Suis-moi». Pour ces Rameaux, cherchons ensemble un chemin qui fasse du sens et non du sensationnel. Bonne fête à tous!