Pardonner après une séparation

Donner des clés pour «couper la chaîne du ressentiment» et se rencontrer «comme deux adultes, sans tensions», sont les objectifs de ce cours. / ©CA
i
Donner des clés pour «couper la chaîne du ressentiment» et se rencontrer «comme deux adultes, sans tensions», sont les objectifs de ce cours.
©CA

Pardonner après une séparation

Souffrance
Le «cours revivre», formation d’inspiration chrétienne qui s’adresse aux personnes séparées ou divorcées, consacre une session au pardon. Reportage.

«Après ma séparation, j’ai eu des douleurs au ventre pendant six mois, le sentiment qu’on m’avait arraché les tripes. J’ai vraiment éprouvé un profond sentiment d’abandon.» Ce samedi matin d’automne dernier, dans la salle paroissiale de l’église réformée de Gland, le témoignage de Serge rencontre un écho certain parmi la dizaine de participant·es (deux hommes pour huit femmes) au «cours revivre». Ici, tous et toutes ont vécu une séparation, souvent après des décennies de vie familiale commune, ou sont en plein dedans: Emilie a quitté son époux il y a cinq ans, mais «le divorce n’est toujours pas prononcé», explique cette trentenaire en levant les yeux au ciel.

Silences, absences, trahisons

Le point commun, ce sont les souffrances et la violence occasionnées par la séparation. Parfois, ce sont «des mots» qui ont été blessants, comme le raconte Thérèse, 70 ans et toujours secouée par les propos violents survenus il y a des années. Des silences aussi, ou des absences, comme le précise Esther, dont l’ex-compagnon a tout bonnement coupé les ponts avec leur fils, qu’elle a donc élevé seule. Et souvent aussi des trahisons: double vie, mensonges. 

Des blessures qui «laissent des traces, agissent comme des fltres sur les relations suivantes», explique Olivia, organisatrice dynamique, elle-même encore marquée par son divorce. Des souffrances qui ne peuvent pas toujours être exprimées ailleurs, surtout pas en famille. «Quand ma flle parle de la nouvelle compagne de son père, qui a été sa maîtresse, comme de sa belle-mère, ça me fait mal», témoigne par exemple Gisèle. Et encore moins en Eglise – nombre des participantes sont chrétiennes. «Quand on est chrétien, on nous dit parfois que la colère n’est pas bonne, qu’elle est un manque d’amour, de maturité, une mauvaise conseillère… On a des tas de croyances. Alors, on la refoule», explique Olivia au cours de cette matinée très dense, où enseignements, témoignages personnels et partages en petits groupes s’alternent, toujours sans jugement.

Libération intérieure

L’enjeu n’est pas d’exprimer sa colère, mais bien de réfléchir à la possibilité de la surmonter pour entamer un «chemin de pardon». «Le pardon est une libération intérieure», déclare Olivia, symbolisant les émotions négatives (culpabilité, colère, haine, tristesse…) par des cailloux dans un sac à dos. «On peut décider de poser son sac. Un jour, j’ai fait ça, moi aussi, c’était un choix. J’ai décidé de changer d’attitude, de ne pas répondre au mal par le mal. Rien de simple, un très long chemin», témoigne-t-elle. 

Les temps d’information rythmant la matinée insistent sur le fait que le pardon «est un processus et un long chemin sur lequel Dieu nous accompagne», qu’il part d’une décision personnelle, qu’il n’est en rien une obligation, qu’il s’agit d’un chemin de libération intérieure, qu’on ne peut pas «changer l’autre». 

Reste que certaines participantes interrogent la démarche lors des discussions en petits groupes. «Certaines choses sont impardonnables, point», pose Esther. «Je te comprends. Pour moi aussi, il y a cette ambivalence et il y a encore des trucs qui font mal», soutient Anna, toujours en relation avec son ex-conjoint pour des enjeux de garde d’enfants. «Moi, ce qui m’aide, c’est cette parole biblique ‹Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font›. Je me dis que celui qui me blesse n’a pas conscience de ce qu’il fait. Il n’a pas les clés, ça le dépasse.» 

Si les participantes sont nombreuses à voir des psychologues, elles sont plusieurs également à pointer que la plus grande richesse de ce cours réside justement dans le fait de «pouvoir écouter des témoignages, réaliser que l’on n’est pas seules».

Infos

Un «cours revivre» commence le samedi 8 février à Pully - www.cours-revivre.ch